Alors que les bourses se sont reprises, les rendements obligataires en Europe ont connu une véritable flambée, au moment où la BCE s’apprête à réduire une nouvelle fois ses taux d’intérêt.

Flambée des taux obligataires en Europe
Alors que les bourses se sont reprises, les rendements obligataires en Europe ont connu une véritable flambée, au moment où la BCE s’apprête à réduire une nouvelle fois ses taux d’intérêt.
Flambée des taux obligataires
L’annonce d’un accord sur un fonds de 500 milliards d’euros en Allemagne a provoqué une véritable flambée des taux obligataires. Car si ce fonds est mis en place cela donnera un nouvel élan à l’économie allemande et parce qu’évidemment l’Allemagne va devoir emprunter massivement.
Dans les faits, cette hausse a été assez spectaculaire, en particulier sur la partie longue de la courbe, qui a vu le rendement de l’obligation allemande à 30 ans afficher sa hausse la plus forte depuis 1998.

Résultat, l’euro continue de se renforcer par rapport au dollar, parce que le différentiel de taux entre le Bund et le Treasury s’est sensiblement réduit après la flambée des taux en Europe (la courbe en dessous montre ce différentiel pour le 10 ans). Mais également parce que la croissance en Europe devrait être soutenue par ces dépenses militaires, si le plan de la Commission est avalisé lors du sommet extraordinaire aujourd’hui à Bruxelles. Et aussi parce que les inquiétudes sur le risque d’un ralentissement de l’économie américaine ont nettement augmenté.

Inquiétudes qui pèsent également sur le prix du baril, comme je l’ai souligné dans une interview donnée pour le site du Trends hier.
Et l’euro s’est peut-être aussi renforcé parce que, si la BCE va bien réduire de 0.25% son taux aujourd’hui, la suite est nettement moins évidente, avec le risque de guerre commerciale et la nécessité pour l’Europe de se réarmer, ce qui devrait entraîner le plus grand bouleversement de la politique économique du continent depuis des décennies.
Alors même que certains de ses membres plaidaient déjà pour une pause en avril, les bouleversements attendus pourraient menacer la croissance à court terme en cas de guerre commerciale mais entrainer une forte hausse de cette dernière en cas d’accord sur les plans d’investissement à long terme. Compliqué dès lors pour la BCE de se positionner et de trop baisser les taux en cas de forte reprise de la croissance et par effet de ricochet de l’inflation.
L’élément clé à surveiller dans le communiqué de la BCE est de savoir si elle maintient sa formulation selon laquelle la politique « reste restrictive » ou l’abandonne, ce qui suggérerait que les décideurs politiques estiment qu’ils sont sur le point d’atteindre leur objectif.
Au stade actuel, après cette baisse de 0.25%, le marché continue de tabler sur encore deux baisses de taux cette année pour ramener le taux de dépôt à 2%.
Guerre commerciale, acte 2
Et je parie que je ne vais pas m’arrêter à l’acte 2.
Trump a annoncé qu’il exemptait les constructeurs automobiles des droits de douane de 25 % sur le Canada et le Mexique pendant un mois, à condition qu’ils respectent les règles de libre-échange existantes, ce qui explique le rebond de la bourse américaine hier soir.
Mais cela ne concerne que ce secteur et seulement pour un mois, ce qui signifie que le Canada n’est pas encore sauvé alors que 75% de ses exportations sont à destination des Etats-Unis et qu’un tiers de ses importations viennent de là-bas.
Même si le flou demeure pour la suite, le dollar canadien s’est un peu repris par rapport au dollar américain.

L’impact du maintien d’un droit de douane de 25% serait extrêmement pénalisant pour les consommateurs américains alors que les véhicules fabriqués par Ford, GM et Stellantis sont conformes aux règles de l’USMCA, qui exigent un contenu nord-américain de 75 % pour obtenir un accès en franchise de droits au marché américain.
Mais la situation pourrait encore être pire pour le Canada, qui pourrait connaitre une récession si les droits de douane sont maintenus.
Selon certains analystes, le taux de chômage, qui se situe actuellement à 6.6%, pourrait passer à 8% cette année, car 2.4 millions d’emplois dépendent des échanges avec les Etats-Unis.
Même si le risque d’une reprise de l’inflation est élevé, la Banque centrale du Canada devrait, la semaine prochaine, encore baisser une nouvelle fois ses taux.
A propos d’inflation, si l’indice ISM des services aux Etats-Unis a augmenté, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, le sous-indice des prix a aussi très nettement progressé, ce qui pourrait suggérer une reprise de l’inflation dans les prochains mois.

Cette hausse est intervenue avant les annonces effectives des droits de douane et concerne uniquement les services.
Selon les économistes de Nationwide les droits de douane imposés aux trois principaux partenaires commerciaux du pays augmenteraient le coût des biens par ménage de près de 1.000 dollars par an.
Hausse de la couronne suédoise
Cette dernière s’est très sensiblement renforcée par rapport à l’euro, accentuant un mouvement amorcé avant les annonces de vastes plans d’investissement pour le secteur de la défense en Europe.
La Suède pourrait bénéficier d’une reprise économique induite par ses plans, ce qui pourrait un peu expliquer cette envolée.

