Pour le moment, les indicateurs publiés aux Etats-Unis éloignent chaque fois un peu plus la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED.

La baisse des taux aux Etats-Unis s’éloigne
Pour le moment, les indicateurs publiés aux Etats-Unis éloignent chaque fois un peu plus la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED.
Chiffres du chômage
Derniers en date, les chiffres du chômage qui ont été publiés vendredi. Même si les créations d’emploi ont été plus faibles que prévu, ces chiffres sont venus renforcer le sentiment que la FED ne devait pas se précipiter pour encore réduire ses taux.
L’économie américaine a créé 143.000 emplois en janvier contre 307.000 en décembre, chiffre revu à la hausse, ce qui vient un peu compenser la faiblesse des créations en janvier. Mais surtout, le taux de chômage est passé de 4.1% à 4%, ce qui confirme que le marché de l’emploi ne montre pas de signe de faiblesse.

Mais ce qui devrait encore plus pousser la FED à attendre, c’est la hausse mensuelle de 0.5% du salaire horaire moyen contre 0.3% en décembre, soit un taux annuel qui est resté inchangé à 4.1%.
Après ces chiffres, le président de la FED de Minneapolis, Neel Kashkari, a déclaré « je ne vois pas pourquoi nous devrions maintenir les taux à leur niveau actuel si nous voyions vraiment l’inflation baisser ». Mais d’ajouter, « pour l’instant, cependant, la FED peut maintenir ses taux jusqu’à ce que les tarifs douaniers, l’immigration et la politique fiscale soient plus clairs ».
Et justement à propos de clarification, Trump a déclaré, dimanche, qu’il introduirait de nouveaux droits de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium aux États-Unis.
Selon les données de l’American Iron and Steel Institute, les principales sources d’importation d’acier des États-Unis sont le Canada, le Brésil et le Mexique, suivis de la Corée du Sud et du Vietnam.
Les frasques de Trump érodent sérieusement le moral des consommateurs américains comme le montre l’enquête de l’Université de Michigan. En effet, l’indice a chuté d’un mois à l’autre pour atteindre son niveau le plus bas depuis sept mois, et dans le même temps, les attentes en matière d’inflation ont grimpé en flèche, les ménages craignant qu’il ne soit trop tard pour éviter les effets négatifs sur leur pouvoir d’achat des menaces de droits de douane de Trump.

Ils estiment que l’inflation au cours de l’année à venir atteindrait 4.3 %, le taux le plus élevé depuis novembre 2023, contre 3.3 % le mois dernier, et pour les cinq prochaines années, ils prévoient une inflation de 3.3 %, la plus élevée depuis juin 2008, contre 3.2 % en janvier.
Très faible en comparaison
L’inflation en Chine a progressé, mais demeure encore extrêmement faible en comparaison de celle observée en Europe ou aux Etats-Unis.
Elle a été de 0.5% en janvier, soit son niveau le plus élevé en cinq mois, contre 0.1% en décembre. L’inflation de base, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et du carburant, a augmenté de 0.6 % en janvier, contre 0.4 % le mois précédent.

Mais la déflation menace toujours avec des prix à la production toujours en territoire négatif qui affichent en janvier une baisse de 2.3%.
La montagne a accouché d’une souris
La BCE a publié, vendredi, son étude sur le fameux taux neutre, dont j’ai parlé jeudi passé.
Force est de constater que nous sommes restés sur notre faim. Il faut dire que les premiers mots de la publication ont déjà donné le ton : « les estimations du taux d’intérêt naturel, ou r*, révèlent des tendances qui revêtent une importance fondamentale pour la politique monétaire, mais elles sont soumises à d’importantes mises en garde ».
Et les conclusions sont du même acabit, « les incertitudes inhérentes ainsi que les lacunes conceptuelles limitent l’utilité des estimations disponibles du taux naturel pour la conduite de la politique monétaire en temps réel. En raison des multiples types d’incertitude et de l’accent mis sur l’instrument des taux d’intérêt à court terme – par opposition à des mesures plus larges des conditions de financement, qui peuvent avoir un impact plus important sur la dépense – l’utilité de r* en tant qu’indicateur pour soutenir l’étalonnage de l’orientation de la politique monétaire est fortement limitée, ce qui rend difficile son utilisation en tant que norme de fixation des taux lors des réunions de politique monétaire. De nombreux modèles utilisés ne considèrent pas r* comme une stabilisation de l’inflation conforme à l’objectif, mais comme une simple indication des niveaux vers lesquels les taux d’intérêt gravitent à long terme ».
L’étude constate que « les estimations du r* nominal à partir de l’intervalle le plus récent se situent entre 1¾ % et 2¼ %. Compte tenu des incertitudes d’estimation mises en évidence dans cet encadré, ces fourchettes doivent être considérées comme purement indicatives ».
La BCE dispose d’encore une marge de manœuvre pour baisser ses taux, mais il est évident que le contexte politique et les relations commerciales vont peser dans ses prochaines décisions, plus que ce fameux taux neutre.
Et elle devra aussi tenir compte de l’état de l’économie en zone euro qui demeure préoccupante, en particulier en Allemagne.
Si les exportations allemandes ont augmenté en décembre de 2.9 %, par contre, la production industrielle a chuté plus que prévu en décembre, diminuant de 2.4 % par rapport au mois précédent.
