Même si le mouvement est pour le moment contenu, la hausse du prix du baril pourrait, si elle continue, venir perturber les perspectives de baisse de l’inflation.
La hausse du baril, un risque à surveiller
Même si le mouvement est pour le moment contenu, la hausse du prix du baril pourrait, si elle continue, venir perturber les perspectives de baisse de l’inflation.
Hausse modérée
Le fait que le président Joe Biden ait déclaré, hier, que les États-Unis discutaient de frappes sur les installations pétrolières iraniennes en représailles à l’attaque de missiles de Téhéran contre Israël n’a évidemment pas contribué à calmer les tensions sur les prix du baril.
Comme je l’évoquais hier pour Canal Z, le scénario d’un embrasement pourrait propulser le prix à 100$ et, avec un dollar en hausse par rapport à l’euro, cela renchérirait fortement nos importations avec un effet important d’inflation importée.
J’en parlais aussi dans l’interview, la hausse est restée limitée parce que l’offre excède la demande et que l’OPEP+ peut sans problème augmenter sa production.
Si le mouvement se limite à la hausse actuelle l’impact sera négligeable, mais une hausse plus importante serait une mauvaise nouvelle pour les Banques centrales.
Comme on parle d’inflation
L’inflation en Turquie est tombée à 49.38%, mais attention aussi en cas de rebond du prix du baril. Ce qui fait que le taux directeur de la Banque centrale, qui est à 50%, est, pour la première fois depuis 2021, supérieur à l’inflation.
Mais comme d’un mois à l’autre, l’inflation a progressé de 2.97% contre 2.47%, il est sans doute trop tôt pour la Banque centrale de baisser ses taux.
Si la livre turque s’est un peu reprise sur la nouvelle, le mouvement s’est vite inversé, suite à la fermeté du dollar, et parce qu’un embrasement au Moyen-Orient ne serait pas sans conséquences pour la Turquie.
Chômage aux Etats-Unis
Elément important, et qui aurait pu perturber les données dans les prochaines semaines sur le marché de l’emploi, un accord aurait été trouvé pour mettre un terme à la grève dans les ports de la côte Est des Etats-Unis.
Par contre, deux éléments pourraient venir perturber les chiffres du mois d’octobre, le passage de l’ouragan Hélène qui a dévasté de vastes zones du Sud-Est et la grève chez Boeing.
Cela étant précisé, le marché de l’emploi aux Etats-Unis devrait continuer d’afficher une croissance modérée de l’emploi, avec un taux de chômage qui est attendu stable à 4.2%.
Selon les prévisions, les créations d’emploi seraient de 140.000 en septembre, soit un chiffre très proche des 142.000 du mois d’août.
Concernant le salaire horaire moyen, il est attendu en hausse de 0.3% d’un mois à l’autre contre 0.4% en août, soit un taux annuel inchangé à 3.8%.
Comme l’a montré le sous-indice ISM des services concernant l’emploi, les entreprises réduisent les embauches mais ne licencient pas, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
Et preuve que l’économie américaine demeure solide, cet indice ISM des services, en passant de 51.5 en août à 54.9 en septembre a atteint son niveau le plus élevé depuis un an et demi.
Et le constat est d’autant plus encourageant que cette hausse est liée à un bond des nouvelles commandes dont l’indice est passé de 53 à 59.4.
L’un dans l’autre, il n’y a aucune raison de remettre en cause le scénario de deux baisses de taux de 0.25% de la part de la FED d’ici la fin de l’année.
Changement de ton
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a un peu surpris en déclarant que la BoE pourrait devenir « un peu plus agressive » dans son approche de la baisse des taux.
Ses propos ont provoqué un recul assez net du sterling par rapport au dollar, et même par rapport à l’euro, car ils semblent indiquer une baisse des taux lors de la réunion de novembre.
Ce changement de ton devra cependant être suivi par tous les membres du Comité de la BoE, et on sait que certains sont encore très réticents à vouloir accélérer la baisse des taux compte tenu de la croissance des salaires qui demeure trop élevée.
Et comme les autres Banques centrales, Bailey devra tenir compte des risques géopolitiques, qu’il ne minimise pas, puisqu’il a ajouté « les préoccupations géopolitiques sont très sérieuses. Ce qui se passe est tragique. Il y a manifestement des tensions et la vraie question est de savoir comment elles peuvent interagir avec des marchés encore assez tendus dans certains endroits ».
Et pour revenir au début de mon commentaire, il a ajouté que, s’il semble y avoir une volonté de garder le marché du pétrole stable, « il y a un point au-delà duquel ce contrôle pourrait s’effondrer si les choses devenaient vraiment mauvaises. Il faut constamment surveiller la situation, car elle pourrait mal tourner ».