La baisse des taux est actée

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Après la période « boucle d’or », les marchés ont, vendredi, chantonné, « voici venu le temps des rires et des chants. C’est tous les jours le printemps », suite aux propos de Powell à Jackson Hole.

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Après la période « boucle d’or », les marchés ont, vendredi, chantonné, « voici venu le temps des rires et des chants. C’est tous les jours le printemps », suite aux propos de Powell à Jackson Hole.

Propos de Powell

J’ai, vendredi, fin de journée, fait un petit flash spécial étant donné l’importance de l’annonce, ce qui n’empêche qu’il est important d’y revenir.

Powell n’a plus hésité et son message est limpide « le temps est venu pour la politique de s’ajuster ».

Il a aussi été très clair sur le fait que la hausse des prix s’atténuait et qu’il était temps de soutenir la croissance de l’emploi, tout en se montrant confiant sur un atterrissage en douceur de l’économie américaine.

La question d’une baisse des taux ne se pose plus, mais reste à savoir quelle sera l’ampleur de cette baisse, trois fois 0.25%, une baisse de 0.50% lors de la réunion de septembre, deux baisses de 0.50% en septembre et décembre, … ? Tous les scénarios sont sur la table, car Powell a clairement indiqué que la suite dépendra des données, mais que l’important maintenant est le marché de l’emploi.

Le dollar a reculé, après cette annonce, par rapport à la majorité des devises, et en particulier par rapport au yen, ce qui a plombé le Nikkei ce matin.

Situation délicate pour la BOJ

Après les propos de Ueda, ceux de Powell ont renforcé le scénario d’une réduction du différentiel de taux entre les Etats-Unis et le Japon, ce qui a renforcé le yen par rapport au dollar.

Ce qui est une bonne nouvelle pour la BOJ, car cela diminue les risques d’inflation importée, mais cela n’élimine en rien les risques de volatilité sur le yen dans les prochains mois. Alors que cette volatilité est clairement un frein à l’ajustement de la politique monétaire de la BOJ.

Il est très probable que la BOJ soit contrainte de reporter cet ajustement et que la prochaine hausse de taux n’intervienne qu’en décembre, le temps que les marchés digèrent les baisses de taux de la part de la FED.

Que retenir d’autre ?

Car Powell n’est pas le seul à s’être exprimé à Jackson Hole. Il faut entre autres retenir la prudence de Philip Lane, l’économiste en chef de la BCE, qui a parlé de progrès concernant l’inflation.

Il a déclaré « mon évaluation provisoire de l’efficacité de la politique monétaire de la BCE (…) est qu’il y a eu de bons progrès dans la réalisation de l’objectif principal ».

Mais, il a tout de suite rajouté, « le retour à l’objectif n’est pas encore assuré. L’orientation monétaire devra rester restrictive aussi longtemps que nécessaire pour guider le processus de désinflation vers un retour rapide à l’objectif ».

Malgré ces propos, la BCE devrait bien encore réduire ses taux, probablement en septembre et en décembre, car Lane a rajouté « une trajectoire de taux trop élevée pendant trop longtemps entraînerait une inflation chroniquement inférieure à l’objectif à moyen terme et serait inefficace en termes de minimisation des effets secondaires sur la production et l’emploi ».

Autres propos intéressants, ceux du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, qui s’est montré rassurant sur la trajectoire de l’inflation, sans pour autant privilégier des baisses de taux rapides.

Il a en effet déclaré, « les effets de second tour sur l’inflation semblent être moins importants que ce que nous avions prévu. Mais il est trop tôt pour crier victoire ».

Ce qui signifie que la BoE « veillerait à ne pas réduire les taux d’intérêt trop rapidement ou de manière trop importante ».

Car même si l’inflation britannique est revenue à son objectif de 2 % en mai et en juin, elle a augmenté en juillet et la BoE prévoit qu’elle atteindra 2,75 % d’ici la fin de l’année et restera supérieure à l’objectif tout au long de l’année prochaine.

En résumé, le message distillé par les Banques centrales est que la baisse des taux sera graduelle et mesurée.

Pour autant, cela ne signifiera pas que les choses se dérouleront calmement, comme l’a souligné Pierre-Olivier Gourinchas, l’économiste en chef du FMI, « nous pourrions assister à d’autres épisodes de volatilité sur les marchés, car ceux-ci se trouvent en terrain inconnu, les principales Banques centrales entrant dans un cycle d’assouplissement monétaire après avoir resserré leur politique pour faire face à une poussée d’inflation. Le Japon suit un cycle légèrement différent. Les marchés doivent comprendre ce que tout cela signifie, et les marchés réagissent de manière excessive. Nous aurons donc encore de la volatilité ».

Et surtout, la baisse graduelle des taux s’envisage dans un scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, d’une économie faiblarde en Europe, et d’une économie chinoise qui se stabilise. Il ne faudrait pas qu’une de ces pièces vienne à vaciller car cela mettrait en difficulté tout l’édifice.

Sans parler du risque très important d’embrasement au Moyen-Orient, où les derniers affrontements ont provoqué une nouvelle hausse du prix du baril.

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