La BCE s’est montrée plus ferme que prévu et n’a donné aucune indication sur ses intentions futures, laissant les options « grandes ouvertes » pour la prochaine réunion de septembre, ce qui pourrait contraster avec le message de la FED lors de sa réunion fin de ce mois.
Des Banques centrales très circonspectes
La BCE s’est montrée plus ferme que prévu et n’a donné aucune indication sur ses intentions futures, laissant les options « grandes ouvertes » pour la prochaine réunion de septembre, ce qui pourrait contraster avec le message de la FED lors de sa réunion fin de ce mois.
Message de fermeté
Rien n’est encore acquis semble avoir voulu distiller Christine Lagarde après la réunion, même si elle n’a pas non plus écarté l’idée d’une baisse des taux. Mais le Conseil des gouverneurs « gardera une approche dépendante des données et décidera réunion par réunion ».
Et Christine Lagarde de préciser « donc la question de septembre et de ce que nous faisons en septembre est grande ouverte ».
Pourquoi une telle prudence ? Parce que, et je reprends le communiqué, « les pressions sur les prix intérieurs restent fortes, l’inflation des services est élevée et l’inflation globale devrait rester supérieure à l’objectif pendant une bonne partie de l’année prochaine. Le Conseil des gouverneurs est déterminé à faire en sorte que l’inflation revienne rapidement à son objectif de 2 % à moyen terme. Il maintiendra les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif aussi longtemps que nécessaire pour atteindre cet objectif ».
Ce qui explique que « le Conseil des gouverneurs continuera de déterminer le niveau et la durée appropriés de la restriction en fonction des données et au fur et à mesure des réunions ».
Cette position de la BCE a un peu surpris des marchés boursiers qui étaient déjà un peu déboussolés par la perspective d’une victoire de Trump, des tensions commerciales entre la Chine et l’Europe qui semblent monter d’un cran, et de la guerre en Ukraine et celle à Gaza. La rumeur d’un retrait de Biden ce week-end, et des propositions assez extrêmes de Trump devraient encore exacerber les tensions et ce n’est dès lors pas étonnant que l’indice VIX, qui mesure la volatilité, soit en hausse.
Inflation au Japon
L’inflation au Japon a augmenté de 2.6% en juin, en taux annuel, contre 2.5% le mois précédent, ce qui maintient la pression sur la BOJ lors de sa prochaine réunion fin de ce mois.
D’autant plus que l’indice, qui exclut les effets des coûts des aliments frais et des carburants, étroitement surveillé par la BOJ en tant qu’indicateur plus large de la tendance des prix, a augmenté de 2.2 % en juin après un taux de 2.1 % en mai.
Et l’inflation des services a augmenté de 1.7 % en juin, contre 1.6 % en mai, ce qui indique que les entreprises continuent de répercuter la hausse des coûts de la main-d’œuvre sur les prix.
Autant dire que la réunion de fin juillet sera cruciale, car la BOJ a annoncé qu’elle allait donner des précisions sur la réduction de ses achats d’obligations, en essayant de ne pas provoquer une trop forte hausse des taux longs, ce qui est déjà le cas quand on observe le taux à 10 ans. Et elle devra tenir compte d’une inflation qui est supérieure à son objectif, dans un contexte où l’économie japonaise s’est contractée au premier trimestre, ce qui rend compliqué une hausse des taux.
Tout en sachant que la moindre de ses décisions ne sera pas sans effet sur le yen, dont la faiblesse rogne les marges des entreprises, et dont l’évolution dépend aussi en partie des décisions futures de la FED.
Une belle lettre d’intentions
Voilà comment on pourrait résumer le résultat du plénum qui se tenait cette semaine à Pékin, et qui donne le sentiment que les consommateurs, à savoir la demande, restent, une nouvelle fois, le grand absent de ce programme.
Mais les autorités sont bien conscientes que le chemin est complexe et que le programme contient de nombreuses contradictions, ce qu’a souligné le directeur adjoint du bureau de recherche politique du comité central du Parti en déclarant, « la modernisation à la chinoise est confrontée à de nombreux conflits et problèmes complexes, et nous devons surmonter de multiples difficultés et obstacles ».
Sans surprise, le plénum a réaffirmé que la solution viendra des « nouvelles forces productives » pour assurer l’expansion industrielle, tout en s’engageant à moderniser le complexe industriel, soutenir la demande domestique, réduire les risques associés à la dette et à l’immobilier, ainsi qu’à mettre en œuvre des réformes budgétaires et financières.
Comme les précédents plénums, la Chine « valorisera le rôle des mécanismes de marché dans l’économie, créera un environnement de marché plus juste et plus dynamique et optimisera l’allocation des ressources ». On a vu ce qu’il est advenu par la suite avec un prise de contrôle de plus en plus forte pour réduire justement ces mécanismes de marché.
Un document contenant les plans politiques plus détaillés devrait être publié dans les prochains jours, mais tout cela peut se résumer à « rien de neuf sous le soleil » et l’idéologie continuera de primer sur l’économie.
Petite pause estivale, et je vous retrouve le 5 août pour parler sans aucun doute encore de perspectives de baisses de taux, mais on l’a bien compris ces dernières seront lentes et prudentes.