Préparer les marchés

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Interviendra ou n’interviendra pas ? En tout cas avec un yen frôlant les 152 par rapport au dollar, les autorités japonaises multiplient les mises en garde sur une possible intervention.

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Interviendra ou n’interviendra pas ? En tout cas avec un yen frôlant les 152 par rapport au dollar, les autorités japonaises multiplient les mises en garde sur une possible intervention.

Faiblesse du yen

Masato Kanda, vice-ministre des finances pour les affaires internationales, a en effet déclaré, « si l’on considère les devises, la paire dollar/yen a connu d’importantes fluctuations de 4 % au cours des deux dernières semaines seulement. Elle n’a pas reflété les fondamentaux et je ressens quelque chose d’étrange à ce sujet ».

Même si fondamentalement, la faiblesse du yen n’est pas un inconvénient, car elle permet d’attirer les touristes et de soutenir les exportations, ce qui explique la très bonne tenue du Nikkei depuis des mois.

Il y a cependant un inconvénient à cette faiblesse du yen, c’est bien évidemment le risque de voir l’inflation importée entrainer une forte hausse des prix.

Surtout en tenant compte de la hausse très forte des salaires, l’inflation pourrait alors fortement dépasser l’objectif de 2% de la BOJ.

Comme le montre le graphique, les deux indices d’inflation, publiés vendredi, montrent des tendances divergentes, ce qui ne rend pas aisée l’interprétation. L’indice de base, qui exclut les aliments frais mais inclut les produits énergétiques, a augmenté de 2.8 % en février par rapport à 2% en janvier.

Alors que l’inflation mesurée par un indice excluant l’effet du carburant, étroitement surveillée par la BOJ, est revenu à 3.2 % en février contre 3.5 % en janvier.

Avec la décision, la semaine passée, de mettre fin aux taux d’intérêt négatifs, la BOJ doit éviter de voir le yen trop fortement se déprécier si le marché spécule sur une longue période de statu quo des taux.

C’est sans doute pour cela que son gouverneur a déclaré vendredi que la Banque centrale finirait par réduire ses achats d’obligations et laisserait les forces du marché fixer les taux d’intérêt à long terme.

Mais il lui faut agir avec prudence comme il l’a souligné devant le Parlement, « nous sommes intervenus assez massivement sur le marché des obligations d’État. Nous aimerions réduire nos achats d’obligations à l’avenir. Mais pour l’instant, nous aimerions adopter une approche attentiste pour voir comment les marchés absorbent notre nouvelle politique ».

Le dilemme est de taille pour la BOJ, car l’économie demeure fragile, ce qui limite la possibilité de hausse des taux d’intérêt. Mais en soulignant qu’elle n’a pas l’intention de procéder à des hausses de taux rapidement, elle affaibli le yen ce qui fait grimper les coûts à l’importation et érode la consommation intérieure.

Préparer les marchés ?

En décembre, Powell avait ouvert toutes grandes les portes à une baisse des taux durant l’année 2024, ce qui avait entrainé des spéculations sur des baisses dès le mois de mars pour au minimum de 140 points de base.

Les indicateurs économiques sont venus démontrer que l’économie américaine était quasiment assurée de connaitre un atterrissage en douceur, ce qui ne nécessitait pas de se précipiter pour baisser les taux.

Au fur et à mesure des semaines, la baisse des taux a été reportée, pour être actuellement anticipée en juin. Mais la semaine passée, si Powell a bien confirmé que la FED avait bien l’intention de baisser les taux, il a omis de préciser quand aurait lieu la première baisse.

Et voilà que vendredi, le  président de la FED d’Atlanta, Raphael Bostic, a déclaré « je suis nettement moins confiant qu’en décembre », alors qu’il prévoyait deux baisses de taux. Et dès lors, ses inquiétudes concernant la pression sur les prix l’ont amené à revoir à la baisse les perspectives de réduction des taux cette année et à repousser la date probable de leur mise en œuvre.

Et de préciser, « si nous avons une économie dont la croissance est supérieure à son potentiel, si nous avons une économie où le chômage est à des niveaux jugés inimaginables sans pressions sur les prix, et si nous avons une économie où l’inflation se modère… ce sont de bonnes choses. Cela nous permet de faire preuve de patience ».

Et le chiffre, qui sera publié ce vendredi, jour férié pour les banques en Europe, devrait à priori confirmer que la FED devrait encore patienter. Il s’agit de l’indice des prix des dépenses personnelles de consommation (PCE), qui devrait augmenter de 0.3 % en février, soit un taux  annuel inchangé à 2.8 %. Trop élevé par rapport à son objectif, mais surtout s’il ressort plus élevé que prévu, cela remettrait en cause le scénario d’une baisse des taux en juin.

Ce qui explique pourquoi le dollar demeure très ferme par rapport au yen, et par rapport à l’euro également, car la situation économique en zone euro n’est en rien comparable à celle des Etats-Unis.

Et d’ailleurs à l’inverse des membres de la FED, ceux de la BCE n’hésitent plus à parler ouvertement de baisses des taux. Le dernier en  date étant le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui est tout sauf une colombe.

Il a en effet déclaré, vendredi, « la probabilité augmente que nous assistions à la première baisse de taux avant les vacances d’été. Si je devais l’exprimer en termes de probabilités, il est certain que quelque chose en juin a une plus grande probabilité qu’en avril ».

Cependant, une première baisse des taux en juin ne voudra pas dire qu’automatiquement la BCE baissera ses taux à chaque réunion par la suite, et Nagel rejoint ainsi d’autres membres de la BCE qui ont évoqué trois baisses de taux au total.

Cette prudence s’explique en partie par le fait que la croissance des salaires reste robuste, ce qui augmente le risque que la croissance des revenus des ménages maintienne les prix sous pression. Ce que Nagel a confirmé, « nous avons encore de fortes augmentations de salaires au premier trimestre. Nous observons toujours des demandes salariales assez élevées de la part des syndicats ».

En tenant compte de ces éléments, voilà pourquoi la BCE devrait attendre le mois de juin, et aussi pourquoi elle ne voudra pas s’engager sur les baisses de taux par la suite et qu’elles ne seront en rien automatiques.

Mais tout cela pourrait signifier que la BCE baisserait ses taux avant la FED, ce qui serait une grande première.

Un problème technique retarde le lancement du nouvel outil pour l’envoi du mail du matin qui était prévu ce lundi. 
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