Il est difficile de comprendre la forte hausse de la bourse américaine après l’annonce par la FED de la hausse de 0.75% de son taux directeur pour le porter à 2.25%-2.50%.
Une FED un peu moins agressive à l’avenir ?
Il est difficile de comprendre la forte hausse de la bourse américaine après l’annonce par la FED de la hausse de 0.75% de son taux directeur pour le porter à 2.25%-2.50%.
Décision de la FED
Même si le temps de l’économie n’est pas celui des marchés boursiers, il y a quand même quelque chose de paradoxal de voir la bourse américaine terminer en forte hausse hier. Avant d’essayer de revenir sur ce paradoxe, il faut d’abord souligner que les résultats solides de certaines sociétés américaines, comme Microsoft et Alphabet, ont contribué largement à ce rebond.
La FED a donc décidé d’une nouvelle hausse de 0.75% et a martelé sa volonté de combattre l’inflation car le communiqué constate que « l’inflation reste élevée, reflétant les déséquilibres de l’offre et de la demande liés à la pandémie, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie ainsi que des pressions plus générales sur les prix ».
Jerome Powell a confirmé lors de la conférence de presse que la FED avait bien abandonné le « forward guidance » et qu’elle évaluerait la situation réunion après réunion. Autre élément important dans sa déclaration, « bien qu’une autre hausse inhabituellement importante pourrait être appropriée lors de notre prochaine réunion, c’est une décision qui dépendra des données que nous aurons d’ici-là ».
Premier élément qui a rassuré les bourses, même si la FED laisse la porte ouverte à une nouvelle hausse importante, elle pourrait aussi se montrer moins agressive et pour preuve la probabilité d’une hausse de 0.50% lors de la réunion de septembre est passée de 50% à 70%.
Le deuxième élément qui a rassuré les bourses est le fait que Powell ait déclaré « je ne pense pas que les Etats-Unis soient actuellement en récession ». Pour expliquer son propos, il se base sur le taux de chômage qui reste extrêmement bas et sur la solidité du marché de l’emploi malgré les signes de ralentissement.
Récession ou pas ?
La FED comme les autres Banques centrales n’a pas anticipé la forte hausse de l’inflation et s’est donc trompée. Espérons qu’elle ne se trompe pas non plus sur le fait que les Etats-Unis ne vont pas être en récession. Même si aux Etats-Unis, une récession technique, à savoir deux trimestres négatifs successifs, n’est pas nécessairement considérée comme une véritable récession.
Mais si on doit s’arrêter à cette simple définition, nous serons vite fixés car le chiffre du PIB pour le deuxième trimestre sera publié ce jeudi avec une prévision d’un taux de 0.50%, mais un recul de 1.2% selon le modèle de la FED d’Atlanta.
Et je le soulignais hier les signaux d’une récession ne manquent pas. L’inversion de la courbe est toujours d’actualité, malgré donc la hausse des taux de la part de la FED, ou à cause, je ne sais pas ce qu’il faut dire.
Autre signal, celui du marché immobilier avec un nouvel indicateur en recul hier, celui des ventes de maisons existantes. Ces dernières ont reculé de 8.6% en juin.
Mais d’un autre côté le déficit commercial s’est fortement réduit en juin ce qui pourrait éviter une récession au deuxième trimestre. Ce déficit s’est réduit de 5,6 % pour atteindre 98,2 milliards de dollars, le plus faible depuis novembre dernier. Les exportations de marchandises ont augmenté de 4,4 milliards de dollars pour atteindre 181,5 milliards de dollars et les importations ont diminué de 1,5 milliard de dollars pour atteindre 279,7 milliards de dollars.
La question est aussi de savoir si les entreprises vont continuer de reconstituer leurs stocks, ou si face au ralentissement de la demande elles ne vont pas ralentir le rythme. Il est clair en tout cas qu’au mois de juin elles ont continué d’augmenter ces derniers, ce qui devrait contribuer au chiffre du PIB.
Avec évidemment la question est de savoir si, par la suite, la réduction du déficit suite à une diminution des importations arrivera à compenser la réduction de la production compte tenu des stocks et du ralentissement de la demande.
Le blues des consommateurs européens
Hausse de nouveau du prix du baril et hausse du prix du gaz (on se rapproche du niveau le plus haut touché en mars), pas étonnant que le moral des consommateurs en Europe continue de chuter.
En Allemagne, l’indice GfK a fait un véritable plongeon, plongeon évidemment accentué par les craintes d’une pénurie de gaz cet hiver.
En Italie, la confiance des consommateurs a chuté ce mois-ci à 94,8 contre 98,3 en juin, soit son niveau le plus bas depuis mai 2020. En plus de la hausse de l’inflation et des risques de pénurie de gaz est bien évidemment venu se rajouter l’instabilité politique.
Et en France, la situation n’est guère plus brillante avec une chute de l’indice de confiance des consommateurs publié par l’INSEE, ces derniers s’inquiétant d’une dégradation de leur situation financière, de leur capacité d’épargne et de la hausse possible du chômage.