Deux mauvaises surprises hier avec, d’une part un taux d’inflation plus élevé que prévu aux Etats-Unis, et d’autre part une Banque centrale du Canada encore plus agressive que prévu.
Un pas de plus vers la récession ?
Deux mauvaises surprises hier avec, d’une part un taux d’inflation plus élevé que prévu aux Etats-Unis, et d’autre part une Banque centrale du Canada encore plus agressive que prévu.
Taux d’inflation
Non seulement, l’inflation aux Etats-Unis a plus fortement progressé d’un mois à l’autre que prévu, mais le taux annuel est ressorti largement au-dessus des prévisions. Le taux d’inflation global a augmenté de 1.3% en juin contre 1% en mai, soit un taux annuel qui a grimpé à 9.1%, le taux le plus élevé depuis 40 ans et demi.
Si l’on exclut les éléments volatiles, la hausse mensuelle a été de 0.7%, soit un taux annuel en très léger recul à 5.9% contre 6%.
Donc non seulement, le chiffre global est ressorti au-delà des attentes, même si la hausse du prix de l’énergie a été un facteur important qui devrait un peu ralentir, mais la décrue du chiffre d’inflation hors énergie est bien moindre que prévu et ne marque donc pas le signal de la décrue.
Ces chiffres n’ont évidemment que renforcé le scénario de la poursuite d’une politique monétaire agressive de la part de la FED, avec même la perspective de voir cette dernière augmenter ses taux de 100 points de base puisque la BOC l’a fait.
Avec comme conséquences, un recul des bourses, encore limité certes, mais surtout une remontée des taux courts (en particulier celui du rendement du Treasury 2 ans), ce qui entrainé une inversion de la courbe aux Etats-Unis. L’inversion est le fait que le rendement du Treasury 10 ans est inférieur à celui du 2 ans, et est souvent interprétée comme le signal d’une récession si l’on regarde cela de façon historique.
Hausse de 1% ?
La FED pourrait-elle augmenter ses taux de 1% au lieu de 0.75% comme attendu lors de sa réunion du 27 juillet prochain ? La question se pose de façon plus marquée après l’annonce de la BOC d’une hausse de 1% de son taux directeur à 2.5%.
Cette décision a été une réelle surprise et il faut remonter à 1998 pour retrouver une hausse de cette ampleur. Si l’on observe le niveau du rendement de l’obligation canadienne à 2 ans, le taux devrait se situer à 3.25% à la fin de l’année.
La BOC n’est pas la seule à surprendre les marchés. Ce matin, la Banque centrale des Philippines a annoncé une hausse de 0.75% de son taux directeur à 3.25%, tout en laissant entendre qu’elle pourrait encore resserrer les conditions monétaires dans les prochains mois.
Et la Banque centrale de Singapour a également annoncé ce matin un resserrement de sa politique monétaire, annonce faite hors réunions puisque cette dernière ne se réunit qu’en avril et en octobre.
Autre particularité, the Monetary Authority of Singapore (MAS), gère la politique monétaire en fixant le taux de change, plutôt que les taux d’intérêt via trois leviers : la pente, le point médian et la largeur de la bande de fluctuation, qui permettent au dollar singapourien d’augmenter ou de diminuer par rapport aux monnaies de ses principaux partenaires commerciaux dans une fourchette non divulguée.
Nouvelles pressions à la baisse sur l’euro
D’une part avec le risque d’une crise politique en Italie, le mouvement 5 Etoiles (M5S) ayant annoncé qu’il ne prendrait pas part au vote de confiance au gouvernement ce jeudi.
Mario Draghi a déjà annoncé qu’en cas de retrait du M5S il quitterait son poste ce qui pourrait entrainer des élections anticipées dans un contexte particulièrement délicat. Nous serons donc extrêmement attentifs à l’évolution du spread entre le BUND et l’obligation italienne à 10 ans qui se situe actuellement à 2.08%. Mais avec un euro à la parité, cela rajoute encore un point supplémentaire de préoccupation pour la BCE qui doit justement annoncer jeudi prochain ce qu’elle compte mettre en place pour éviter une fragmentation au sein de la zone euro. Les Italiens ne vont pas lui faciliter la tâche si l’on va vers des élections.
Et d’autre part, parce que selon Bloomberg, la Commission européenne va revoir à la hausse ses prévisions d’inflation et à la baisse celles de la croissance. Selon Bloomberg donc, la CE tablerait sur une inflation à 7.6% cette année contre 6.1% en mai, et à 4% en 2023 contre 2.7% précédemment.
Concernant la croissance, pour cette année la révision serait modeste à 2.6% contre 2.7%, mais pour 2023 à 1.4% contre 2.3% auparavant.