D’après les minutes de la dernière réunion de la BCE, cette dernière pourrait emboiter le pas à la FED, mais évidemment dans une proportion totalement différente.
Plus rien n’est jamais certain !
D’après les minutes de la dernière réunion de la BCE, cette dernière pourrait emboiter le pas à la FED, mais évidemment dans une proportion totalement différente.
Changement de ton
Le ton avait déjà été donné par certains membres de la BCE, dont le gouverneur de la BNB, mais les minutes sont explicites. On peut lire en effet, « un grand nombre de membres ont estimé que le niveau élevé actuel de l’inflation et sa persistance nécessitent de nouvelles mesures immédiates en vue de la normalisation de la politique monétaire ».
Face à un taux d’inflation à 7.5%, il faut dire que la BCE est contrainte d’agir, même si cette hausse est liée en partie aux prix de l’énergie (n’hésitez pas à écouter mon podcast à ce sujet), et malgré la guerre en Ukraine qui pèse sur la croissance.
La prochaine réunion de la BCE se tient jeudi prochain et devrait apporter des précisions (je l’évoquais hier pour Business AM), puisqu’elle devrait confirmer qu’elle mettra un terme à son programme de rachats d’actifs au troisième trimestre. Ce qui ouvrira la porte alors à des hausses de taux sur le quatrième trimestre qui pourraient voir le taux des dépôts passer de -0.50% à 0%.
Il n’en fallait évidemment pas plus pour que des taux longs déjà sous pression avec la hausse des taux aux Etats-Unis continuent de progresser, et que cela soit celui à 2 ans ou à 10 ans si on prend le Bund comme référence.
La conséquence a été aussi un léger élargissement des spreads au sein de la zone euro, et c’est le cas de l’obligation française qui encaisse aussi un certain pricing du risque Le Pen.
Concernant les taux longs aux Etats-Unis, la perspective de voir la FED réduire rapidement, en tout cas plus rapidement qu’avant, la taille de son bilan a entrainé une hausse plus marquée des taux longs. Avec comme conséquence que le spread entre le rendement du Treasury 10 ans et celui à 2 ans s’est éloigné du niveau de zéro et est de nouveau redevenu légèrement positif.
Hausse du dollar et baisse du baril
Sans nécessairement chercher de lien entre les deux, car la hausse du dollar est bien évidemment la conséquence de la hausse des taux. Même si la FED ne sera pas toute seule dans ce mouvement de hausse mais est quand même celle qui devrait frapper le plus fort. Et à propos de hausse de taux, la semaine prochaine la Banque centrale de Nouvelle-Zélande devrait augmenter ses taux au minimum de 0.25%, mais une hausse de 0.50% n’est pas à exclure.
Et la baisse du prix du baril, avec un prix du Brent sous les 100$, est la conséquence de l’annonce de la libération de 240 millions de barils, ce qui représente environ 1 million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année.
Mais cette baisse est aussi liée à une diminution de la demande de la part de la Chine à cause des mesures de confinement et demeure fragile et limitée. Limitée car l’annonce que les 27 se sont enfin mis d’accord sur un embargo sur le charbon russe entrainera une hausse de la demande de pétrole pour compenser. Et fragile car si les 27 se décident enfin à un embargo sur le gaz et le pétrole russe, le prix du baril pourrait repartir vers les 120$.
Etat d’esprit de nos entreprises
La BNB a eu l’excellente idée de reprendre, comme au moment du Covid, ses enquêtes sur le climat dans les entreprises avec l’aide de plusieurs fédérations. Car les indicateurs sont totalement insuffisants et il faut donc saluer cette initiative de la BNB et l’encourager à poursuivre.
Même si nos entreprises sont globalement peu exposées à la Russie et à l’Ukraine, elles subissent les conséquences des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, alors que la situation avait tendance à s’améliorer en début d’année avec la levée progressive des mesures de confinement.
Bien évidemment la hausse des prix de l’énergie est un vrai sujet de préoccupation, mais l’indexation automatique des salaires est un vrai problème. Selon l’enquête, pour 31% des PME et 49% des grandes entreprises cette hausse est perçue comme un obstacle à la production ou à la prestation de services.
Quant à savoir si les entreprises ont augmenté leurs prix de vente suite à ces hausses des salaires et des inputs, l’enquête constate que « la quasi-totalité des entreprises interrogées dont l’activité dépend d’inputs ont en effet relevé leurs prix de vente au cours des six derniers mois. Cependant, plus des trois quarts d’entre elles indiquent un taux de progression de leurs prix de vente inférieur à celui du coût de leurs inputs au cours des six derniers mois. Pour une grande partie de ces entreprises l’écart est assez large entre le renchérissement de leurs inputs et l’accroissement de leurs prix de vente. Cela suggère que, au cours de la période récente, certaines entreprises ont supporté une large partie de la hausse du coût des inputs sans la répercuter intégralement sur leurs clients pour l’instant ».
Et pour l’avenir, elles se montrent prudentes et pour la majorité d’entre elles, elles ne s’attendent pas à voir les conséquences négatives liées au conflit s’interrompre de sitôt.
Elections en France
Nous sommes en effet à la veille du premier tour d’une élection cruciale pour la France, mais également pour l’Europe. Si l’on se fie aux derniers sondages, on devrait voir Macron et Le Pen au second tour.
Et si on en croit ces mêmes sondages, l’écart entre Macron et Le Pen ne fait que se réduire depuis quelques jours (ce qui explique en partie le petit écart de spread des obligations françaises).
Dans mes prévisions pour 2022 j’avais tablé sur un duel Macron-Pécresse, raté, mais j’avais quand même indiqué que la victoire de Macron allait être serrée et cela risque d’être encore plus le cas avec Le Pen. Car elle devrait bénéficier des reports en partie des votes pour Zemmour, pour Pécresse, et pour Dupont-Aignan (enfin deux voix). Par contre, pas certains que ceux qui ont voté pour Mélenchon vont voter pour Macron et on risque donc de connaitre un taux d’abstention extrêmement élevé.
Mais la perspective de voir Le Pen comme Présidente a pris corps ces derniers jours car elle a mis en avant le problème du pouvoir d’achat (voir ma petite vidéo d’hier) qui est la principale préoccupation des Français. Mais Le Pen, c’est la sortie de l’OTAN et moins d’Europe, a un moment où nous en avons sans doute le plus besoin, sans parler du reste.
Comme je vais faire une pause, quand je vais rentrer on aura donc un nouveau Président ou Présidente, ou pas ? Le second tour va donc être tendu et incertain, et je vous donne rendez-vous le 9 mai pour en reparler dans mes rubriques quotidiennes, mais pas que de cela. Et comme le disait avec beaucoup d’humour un chroniqueur ce matin sur France Inter, que fera le nouveau locataire de l’Elysée pendant 3 ans car le GIEC ne nous donne plus que 3 ans pour agir.